Chypre en tête de l’UE pour les départs d’immigrants par rapport aux arrivées
Chypre se distingue au sein de l’Union européenne par le taux élevé de départs d’immigrants par rapport aux arrivées, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur, Constantinos Ioannou, lors d’une conférence de presse dédiée au rapport sur l’immigration pour l’année 2023. Le pays se classe également quatrième en termes de nombre total de retours et d’expulsions.
Le ministre a mis en avant l’efficacité de la politique d’immigration gouvernementale, soulignant une baisse de 37 % des arrivées d’immigrants et une chute de 50 % des demandes d’asile en un an. Il a insisté sur la nécessité de poursuivre les actions en collaboration avec les organisations internationales.
Ioannou a détaillé le programme de retour volontaire, qui propose une incitation financière de 1 000 à 1 500 euros, selon le pays d’origine. Il a fait état d’une hausse significative de 66 % des départs en 2023 par rapport à l’année précédente, avec 782 arrivées et 1 081 départs rien que le mois dernier, ce qui représente un taux de départ supérieur aux arrivées de 138 %. Le ministre s’attend à ce que cette tendance positive se poursuive en février.
Dans ses remarques préliminaires, Ioannou a reconnu les défis rencontrés par le gouvernement précédent en raison des pressions migratoires importantes sur les États méditerranéens orientaux de l’UE, y compris Chypre. L’accent a été mis sur la gestion du nombre élevé d’immigrants, avec le Centre de première réception de Pournara dépassant les 3 000 occupants et les demandes d’asile en attente surpassant les 30 000 en mars 2023.
La nouvelle stratégie globale du gouvernement comprend quatre domaines clés : réduire les arrivées de nouveaux demandeurs d’asile, accélérer les processus de demande d’asile, améliorer les conditions d’accueil et augmenter le nombre de retours.
Ioannou a abordé la question de l’immigration irrégulière, en particulier en provenance de l’Afrique subsaharienne, soulignant que de nombreux migrants sont attirés par les perspectives économiques plutôt que par des préoccupations de sécurité.
Les efforts pour réduire les arrivées incluent une campagne en ligne dans des pays comme le Nigeria, le Cameroun et le Congo, détaillant les conditions réelles à Chypre, et la négociation du Plan d’action pour la Méditerranée orientale pour intégrer des mesures contre la migration non réglementée depuis la Turquie.
Le gouvernement a pressé la Commission européenne pour un contrôle plus strict des arrivées via l’aéroport d’Istanbul, avec le soutien de Frontex et d’Europol, et a pris des mesures pour rendre Chypre moins attrayante en réduisant les incitations financières et en resserrant la réglementation des permis de travail pour les demandeurs d’asile.
D’autres mesures comprennent une surveillance renforcée dans les zones industrielles pour prévenir l’emploi illégal, une répression des réseaux de trafic et la création d’une unité de police spécialisée à cet effet.
Ces initiatives ont conduit à une réduction de 37 % des arrivées et à une baisse de près de 50 % des demandes d’asile. Ioannou a contrasté le succès de Chypre avec l’augmentation des demandes d’asile dans d’autres pays méditerranéens orientaux, notant une diminution significative de 72 % des jeunes demandeurs d’asile africains à Chypre.
Il a également fait état des efforts pour accélérer les examens des demandes d’asile, réduisant le temps de traitement moyen d’un an à trois mois, afin de le réduire encore à 30 jours en 2024. Cette accélération a aidé à résoudre l’arriéré, maintenant réduit à environ 26 000 cas.
Ioannou a souligné que le processus d’examen accéléré dissuade les migrants potentiels d’abuser du système pour obtenir un séjour et un emploi à long terme à Chypre.
